Jean-Jacques Savin: au pays des mer-veilles
Propos recueillis par Thomas M.
Il a 73 ans et il a réussi un tour de force : traverser l'Atlantique dans un tonneau en quatre mois. Loin de vouloir se reposer sur ses lauriers, cet ancien de l'armée et amoureux de la nature compte bien repartir à l'aventure en 2021. Il se raconte au Sun Bassin.

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs qui ne vous connaissent pas encore ?
Je suis un pur arésien. Plus jeune, je voulais être pêcheur, mais j'ai fait de la technique à la place. Actuellement, j'ai 73 ans et je passe ma vie entre le Bassin et la forêt. Un véritable amoureux de la nature !
Quel est votre parcours de vie ?
J'ai un brevet de dessinateur industriel, puis j'ai été parachutiste dans l'armée, à Bayonne. Ensuite, je suis parti en Afrique où j'ai fait été pilote privé, chercheur d'or, je me suis aussi occupé des animaux et je regrette d'ailleurs que les politiques ne m'aient pas suivi alors que j'avais alerté tout le monde. Après avoir rencontré la mère de ma fille, nous avons fait un voyage de 7 ans en voilier, entre autres.
La planète, la nature, ça revient souvent dans votre bouche. N'avez-vous jamais pensé à lancer une association pour la protéger cette planète ?
Il y a suffisamment d'écolos alors je fais à mon niveau ! Je m'éclaire à la bougie, je n'ai pas de télévision, je suis dans la forêt avec ma chienne et j'emmerde personne.
On a beaucoup parlé de vous car vous avez traversé l'Atlantique dans un tonneau. Comment ce projet vous est venu en tête ?

J'étais tout jeune, je lisais des livres d'aventuriers sur la mer et une phrase lue dans un livre a fait son chemin dans ma tête. Je voulais traverser l'Atlantique mais pas en rame, pas à la voile... D'une façon différente et évidemment, personne n'avait pensé à se laisser aller à la dérive.
Votre famille vous a toujours soutenu ?
Oui, ma fille m'a dit que c'était génial, puis elle me connaît bien vous savez ! (il rit)
A contrario, certaines personnes prenaient-elles ce projet à la rigolade ?
Évidemment ! J'ai eu beaucoup de mal à trouver des sponsors. Certains ont adhéré, à commencer par la ville d'Arès qui m'a fait un triomphe à mon retour. Les enfants des écoles suivaient mon parcours et à chaque fois que les enfants me remerciaient, c'était un beau cadeau.
Comment mettre en place un projet comme celui-ci ?
J'ai mis un an à le mûrir et le mettre en place. C'est en décembre 2018 que j'ai largué les amarres aidé par une belle équipe.
Toujours est-il que vous avez mené à bien votre défi personnel en 127 jours...
Je pensais mettre trois mois, j'ai mis un peu plus de temps. Mais le défi a été réussi !
Première chose qu'on peut se demander. Comment se nourrir pendant près de quatre mois ?

Surtout que j'avais avec moi trois mois de nourriture, pas quatre. J'ai réparti mes rations dès le jour où je me suis rendu compte que ça allait être compliqué et heureusement, au 87e jour, un bateau est venu me ravitailler.
Seconde chose : la solitude n'est-elle pas trop compliquée à gérer ?
Pas du tout ! J'avais 20kg de livres dans mon tonneau, j'ai écrit mon livre, j'étais en contact avec la terre par ma radio, ce qui me permettait de faire mon journal de bord.
Un tel projet n'était pas trop compliqué à assurer ?
Ah mais je n'ai pas pris d'assurance ! En cas de problème, j'avais ma radio et l'océan est bondé de bateaux.
A votre retour, avez-vous souffert de séquelles physiques ?
Non, pas vraiment. Il m'a fallu deux heures pour retrouver le pied terrien., c'est rien !
Et avez-vous le projet de faire un nouveau périple ?
Je compte repartir l'année prochaine, depuis Lima, pour traverser le Pacifique, si possible pendant sept mois. Je recherche actuellement des partenaires commerciaux pour partager cette aventure comme ça a été le cas précédent.
Entouré des caméras cette fois ?

Oui, il y a un producteur et un réal